03/01/2010

Le TOP (1-15)

1. Up (Là-haut en VF) (Pete Docter, USA)

C’est bien simple: je n’ai pas vu mieux cette année. Pixar règne en maître sur l’animation en images de synthèse. Ca, on le savait. Visuellement, c’est à tomber. Ca, on s’en doutait (en 3D, c’est d’ailleurs encore plus évident). Mais le Pixar 2009 a finalement dépassé toutes mes attentes. Comment font-ils ? se demande-t-on chaque année. Comment font-ils pour à tous les coups, ou presque, nous pondre un nouveau chef-d’œuvre ? En faisant cheminer côte à côte un vieillard qui accomplit le rêve de sa femme défunte et un jeune garçon qui a soif de découverte, Up nous raconte que la vie, quelle qu’elle soit, est une aventure, est c’est à nous de la vivre. Le scénario, pixarien par excellence, oscille sans cesse entre la profondeur des personnages (parmi les meilleurs de l’écurie) et la légèreté des aventures – Pete Docter et Bob Peterson ne manquent d’ailleurs pas d’idées complètement loufdingues qui passent comme une lettre à la poste. Ainsi, derrière le fun pur et simple, il y a là un superbe film sur le deuil, sur l’adoption, sur ces rêves qu'on poursuit (ou pas), sur les promesses qu'on tient (ou pas), sur la transmission entre générations... sur cette vie qui nous réservera toujours des surprises tant qu’elle n’est pas finie. Aussi hilarant que bouleversant, Up est un pur chef-d’œuvre. A voir et à revoir.

2. The Curious Case of Benjamin Button (David Fincher, USA)


S’emparant de la nouvelle de F. Scott Fitzgerald, qui a séduit les producteurs des décennies durant, Fincher réalise un film fleuve à la Forrest Gump (du même scénariste, Eric Roth) qui nous parle avec douleur d’amour et de temps qui passe. Délaissant la métaphysique pour se concentrer sur l’humain, Fincher réussit un conte moderne adulte et bouleversant. Soutenu par des effets spéciaux miraculeux (il fallait bien ça), le film est une également claque esthétique, doublée d’un passionnant rapport à l’histoire du cinéma et au cinéma dans l’histoire. Splendide.

3. A l’origine (Xavier Giannoli, France)


Ou comment un fait-divers est transformé en véritable thriller d'une tension incroyable. Le scénario, passionnant de bout en bout, dépeint constamment les conditions de vie des gens. Une toile de fond sociale qui renforce énormément l'empathie pour les personnages. Tous campés par des comédiens exceptionnels – Cluzet en tête. Drame social aux accents lyriques, A l’origine est un vrai triomphe pour le cinéma populaire français. Grand film.

4. Milk (Gus Van Sant, USA)


L’ami Gus quitte ses expérimentations (macabres mais magnifiques) et a reconstitué, sur un mode plus classique, le parcours politique de Harvey Milk, premier homme politique américain ouvertement gay, qui s'acharna bec et ongles, corps et âme pour les droits civiques des homos. Brillamment écrit et extrêmement soigné formellement, le film est une réussite totale. La performance habitée de Sean Penn fait vibrer le spectateur jusqu’à la fin, forcément bouleversante. Aujourd’hui, la lutte continue.

5. Still Walking (Hirokazu Kore-Eda, Japon)


Le miracle de ce film tient à la mise en scène, une pure merveille, mais également à l'écriture, qui mélange subtilement délicatesse et douleur, humour et émotion avec un tact et une justesse prodigieuse. C'est plus lumineux que le terrible Nobody Knows, mais comme ce dernier on évite le pathos kleenexien, tactique pour te percuter en plein cœur, quand on ne s'y attend pas. Ce film pourrait durer 6h, on ne s'en lasserait toujours pas.

6. Un prophète (Jacques Audiard, France)


Jacques Audiard (Sur mès lèvres, De battre mon cœur s’est arrêté) nous plonge cette fois dans le milieu carcéral, qu’il nous dépeint comme une vraie société à part entière et criminogène. On y suit la métamorphose d’un petit voyou en véritable Parrain de crime organisé. Démontrant une fois de plus son exceptionnel talent de metteur en scène et de scénariste, Audiard signe un drame d’une incroyable tension et révèle également un acteur exceptionnel : Tahar Rahim.

7. Inglourious Basterds (Quentin Tarantino, USA)


Le retour en grande forme de Tarantino, pour qui le cinéma est plus que jamais un terrain de jeu. Formellement grandiose, servi par un casting en or (Christoph Waltz, inoubliable) et bardé des habituelles références cinéphiliques, ce Basterds s’offre le luxe de réécrire l’Histoire. Fantasme qui atteint son apothéose dans un climax dantesque, ultime métaphore du discours d’un cinéaste décidément passionnant. Son meilleur depuis Pulp Fiction.

8. Public Enemies (Michael Mann, USA)


Avec cette reconstitution de la traque d’un des plus grands gangsters des années 30 (qui donnera naissance au FBI), Michael Mann se fait plus esthète que jamais. L’image digitale HD, utilisée à merveille, se marie parfaitement à la mise en scène, pour une immersion totale du spectateur. Mann colle au plus près des faits et gestes sans psychologisation aucune, pour un film certes froid comme un canon de fusil, mais aussi brûlant comme celui qui vient tirer. On en sort époustouflé.

9. Frost/Nixon (Ron Howard, USA)

L'adaptation ciné de la pièce de théâtre elle-même tirée des authentiques entretiens télévisés (inoubliable bras de fer psychologique entre deux égos) s’avère un film captivant sur la télévision, sa place dans la société et son rôle dans la communication politique. Les deux comédiens sont exceptionnels.

10. District 9 (Neill Blomkamp, USA)


Le film de tous les croisements. Un cocktail explosif mêlant effets spéciaux et réalisme documentaire, personnages de série B et anti-héros moderne, "actionner" bourrin et fable sociale, comédie et drame. Ca déménage. Neill Blomkamp, un réalisateur à suivre.

11. Avatar (James Cameron, USA)


Une histoire peut-être déjà vue, mais on ne l’avait jamais vue comme ça. Les prouesses technologiques déployées sont énormes pour faire du nouveau Cameron un spectacle total. Avatar, tant attendu, est finalement un grand film d’aventures qui offre une bonne petite idée de ce que sera le cinéma de demain – du moins son volet divertissement.

12. Coraline (Henry Selick, USA)


Le retour inespéré d’Henry Selick, avec un somptueux film d’animation en stop-motion (image par image). Un véritable enchantement au service d’une histoire qui ne manque pas de noirceur et de bizarrerie – et qui ne prend pas les enfants pour des idiots.

13. Gran Torino (Clint Eastwood, USA)


Le Clint 09, excellent cru, propose la synthèse du cinéma eastwoodien. Les thèmes de prédilection, la classe esthétique… tout y est. Clint l’acteur offre une de ses plus belles compositions, Eastwood le réalisateur continue d’anéantir les frontières entre cinéma populaire et cinéma d’auteur et signe un grand film.

14. Fish Tank (Andrea Arnold, GB)


Héritier de Loach et des Dardenne, voilà le sang neuf du cinéma social, hargneux et gracieux à la fois, qui évite les clichés du genre, qui te prend par les tripes et ne te lâche pas jusqu’à la fin. Brillant, vraiment.

15. Le Ruban Blanc (Michael Haneke, Autriche)

Haneke revient et nous assomme avec un drame en costumes pesant et suffocant. D’un noir et blanc sublime, il continue d’explorer la palette de gris de l’âme humaine, et la façon dont celle-ci peut être modelée par la société qui l’entoure.